Malheureusement, la capacité d’accueil de ces bus reste leur seul atout écologique. A l’image des nombreux taxis, ils sont responsables d’une bonne partie de la pollution et du smog enveloppant la ville. L’image d’un quintet de Sotramas démarrant au feu d’un croisement reste assez spectaculaire, mais un jour il faudra payer la facture écologique. De manière générale, les petites voitures ne sont pas très prisées par les conducteurs ici, du moins s’ils ont la liberté de choisir. La majorité des voitures neuves circulant dans la ville est composée de gros 4x4 japonais, et puis quelques berlines de bon standing. La Fiat Panda n’a pas encore trouvé ses amateurs ici, et vu l’état des routes, on comprend vite pourquoi.
Une rue commercante en banco au centre de Bamako qui mène au marché des legumes
Mais le problème de la pollution ne se limite que rarement au trafic routier. La gestion des eaux et des déchets -bien que meilleure que dans le reste du pays- reste un grand défi pour la ville. Les canaux qui traversent la ville emmènent tout sur leur passage pendant la saison des pluies, et on s’imagine facilement qu’une bonne partie des déchets et eaux usées débouche sur le Niger, fleuve autrement très impressionnant qui partage la ville en deux avec son kilomètre de largeur. Contrairement à beaucoup d’autres régions du Mali, l’eau de Bamako est potable, mais elle conserve une odeur et un goût de chlore assez marqués, avec une qualité qui varie en fonction des saisons (sa qualité est moins sûre pendant la saison des pluies).
Au niveau individuel, le problème se situe assez clairement au niveau de l’absence totale de sensibilisation aux questions environnementales et écologiques. Ici les gens ne jettent pas, ils laissent littéralement tomber les déchets. Que ce soit l’emballage en plastique d’un paquet de cigarettes, les restes d’une mangue, une bouteille en plastique ou les poils de la peau de chèvre rasée pour la fabrication de djembés (les exemples ne manquent pas…), tout reste sur place. C’est comme si ces emballages n’existeraient plus à partir du moment où elles ont perdu leur utilité. D’un geste absent, on les dirige vers le sol… il m’est même arrivé de ramasser des bouteilles pour des amis en pensant qu’ils les avaient perdus, alors que c’était en fait tout l’art du laisser tomber discrètement.
La circulation sur le pont des Martyrs. Au loin on voit bien le smog qui enveloppe toute la ville.
Dans l’ensemble ces constats gardent un goût amer. Mais les choses ne peuvent que s’améliorer ou presque. Et il est important de noter que tout ne dépend pas seulement de l’argent, mais aussi d’un apprentissage des réflexes essentiels en matière d’environnement au niveau individuel , moins onéreux, et peut être même plus important.